mardi 2 septembre 2014

Maelström.

Ecrire. Besoin d'écrire pour ne pas se noyer dans la tourmente des flots de pensées s'abattant sur les rivages du coeur. C'est avec l'encre de ces vagues que les lettres se forment, bouffées d'air pour celui qui perd pied.

Ce matin, à l'aube, un barrage a cédé. Terrible libération.

En amont, un autre, plus grand, plus solide, retient l'essentiel des eaux. Mais la quantité confiée au premier était importante malgré tout. Soigneusement construit afin de tenir le plus longtemps possible, il aura vécu deux ans.

Ce matin, à l'aube, j'ai compris qu'on ne pouvait pas être fort tout le temps, qu'il fallait juste savoir choisir les bons moments pour s'asseoir quelques instants et laisser le silence parler. 

Que parfois, persister à renier le poids de ce que l'on porte peut nous laisser à bout de souffle. 
Qu'au fond, on a le droit de le confier, de temps en temps, à Celui qui nous a doté de la force nécessaire pour le soulever. 
Que museler le coeur ne fera que rendre son rugissement plus puissant lorsqu'on le débarassera de ce qui l'empêche de s'exprimer.

Et pourtant, qu'est-ce que c'est dur de le faire. Comment accepter qu'un barrage se brise sans que éveiller la crainte que le suivant ne se fasse également détruire ?

Quoiqu'il en soit, cette destruction était inévitable. 

Car dès lors que la lecture de lettres - pourtant tracées par une autre âme - soit teintée du parfum de pensées familières, ces dernières ne peuvent qu'agiter et bouillir d'impatience. 

L'espace clôt, limité, conditionné dans lequel elles avaient pu être maintenues prisonnières ne suffit plus. Elles grandissent, elles explosent et se jettent contre les parois des murs de leur prison.

Frêle barrage construit par le cerveau qui fait pâle figure à côté du déchaînement des océans du coeur.
Tempête de souvenirs faisant fi des limites spatio-temporelles, s'attaquant sans vergogne à son hôte ayant eu la naïveté de penser qu'une échappée au pays des rêves suffirait pour oublier.

Oh, on n'oublie jamais vraiment. Le coeur sera toujours là pour rappeler, envahir les sens et faire défiler des images qui ne deviennent que plus vives si on ferme les yeux.

Alors, dans la douce lumière de la naissance du matin, on se lève parce qu'on comprend qu'on ne dormira plus, de la même manière que ces pensées qui, ivres de cette liberté arrachée, s'élèvent et irradient de plus en plus fort, à l'image du soleil.

Mais comment décrire un soleil ? 
Comment parler des rayons qui vous transpercent le coeur d'une flèche de tristesse croisée par une lance de nostalgie ?

Comment décrire la lumière et les ombres qu'elles projètent et leur rendre justice, peindre le portrait d'un astre comme si on pouvait le faire voir à un aveugle ?

Pourtant si clairs dans l'esprit, les mots deviennent subitement flous dès lors que la plume tente de les transférer sur le papier. Comment écrire d'une encre noire une pensée de lumière ?

Dans l'incapacité de leur rendre justice, on essaiera de leur courir après en espérant avoir la chance de les rattraper, de les regarder encore une fois de plus près.

Mais ils défilent, défilent à une vitesse incroyable, et n'ont aucune envie, ni l'intention de s'arrêter.
Alors il faudra attendre, patiemment. Attendre que le courant s'apaise et que l'eau trouble s'éclaircisse, tout en se gardant en tête la tourmente ayant suivi la chute du barage.

Attendre d'être à la hauteur des mots de lumière et les dessiner aussi fidèlement que possible.




En attendant, écrire sur l'écriture, encore et toujours. Pensées de pensées. Faire le croquis d'un peintre bouleversé par le spectacle qui lui fait face mais incapable de choisir les bonnes couleurs, incapable d'appliquer le premier coup de pinceau.

Au fond, écrire c'est tout simplement matérialiser des pensées et des ressentis. 

Tout le monde pense, tout le monde ressent.

Tout le monde peut écrire.

lundi 20 mai 2013

Go forth child, make us proud.


Je n'ai pas d'ambition, à ce qu'il paraît. Sans doute. 
Certains s'avancent sur des voies qui, théoriquement, devraient peut-être être réservées à ceux qui ont une véritable vocation, dans l'espoir de terminer dans un beau chateau, entourés de luxe, d'argent. C'est un choix que je respecte, sans pour autant l'approuver. Je comprends l'idée de sécurité qui se cache derrière un bon compte en banque.

Cela m'importe peu. Je désire simplement toujours être en mesure de faire l'aumône, et de ne jamais avoir à quémander quoi que ce soit à qui que ce soit. Et surtout, prendre soin de mes parents lorsqu'ils seront âgés.

Mais un jour, en rentrant chez moi, j'ai croisé une voisine qui m'a parlé de sa fille, de son futur, et par la même occasion, du mien.

« J'espère que vous aurez toutes les deux un petit travail tranquille, c'est tout ce qui compte à l'heure actuelle. »

Je me rappelle avoir levé les yeux et l'avoir regardée, sans pour autant faire de commentaire particulier.

« Un petit travail tranquille. »

Je savais pertinemment qu'elle l'avait dit avec gentillesse, et pourtant cette simple expression m'avait fait l'effet d'une gifle.
Non, ce n'est pas ce que je veux. Pas un "petit travail tranquille", non.

J'ai réalisé que j'étais ambitieuse. Très ambitieuse. Trop.
L'ambition matérielle est théoriquement presque toujours accessible pour celui qui s'en donne les moyens et qui ne se décourage pas.

Mais mon ambition est d'un tout autre acabit.
Qu'importe la gloire, qu'importe la fortune. 
C'est un rêve que je poursuis.
Graver un chapitre sur les murs de l'Histoire. 
Marquer au fer rouge les esprits des générations à venir d'une fièvre semblable à la mienne, les faire bouillir d'envie de frapper fort, frapper haut, ne pas se contenter de vivoter mais prouver que l'impossible ne l'est pas.

Dans mes tripes, dans mon sang, il y a quelque chose qui attend depuis tellement longtemps.
Un tigre en cage. Comme je comprends sa situation et ses sentiments.
Un jour j'ai lu une phrase qui m'a donné des frissons.
« J'ai vu tomber un empire. »

Je n'ai pas envie d'être comme ces adultes qui soupirent avec un petit sourire en coin. 

« Ah, on dirait moi quand j'étais jeune. Mais tu sais, avec le temps tu te rends compte que tu ne peux rien faire. »

Ahaha oui alors posons notre royal postérieur sur un banc et attendons que ça passe. 

Nope.

Je ne veux pas me contenter d'une petite vie paisible alors que d'autres ont faim tous les jours, alors que l'injustice se répand aux quatre coins du monde avec la bénédiction des "haut-placés" qui sont pourtant si bas dans la dignité humaine.
J'ai envie de les faire descendre de ce piédestal d'imposture, les rendre fous et hanter leurs cauchemars, qu'ils aient les yeux fermés ou ouverts.
J'ai envie d'aider à hisser les valeurs au rang qu'elles ont toujours mérité.
Redorer le blason des mots oubliés.
Trop de causes à défendre, trop peu de bras.

Je veux être là quand le vent se lèvera.

Mais comment ? Quand ?
Je l'ignore, pourtant j'ai la certitude, la profonde conviction qu'un jour l'opportunité se présentera. 
Qu'elle viendra frapper à ma porte au moment où je serais la plus sereine, bercée par la routine d'une vie simple mais, je l'espère, heureuse. C'est dans ce genre de moments qu'elle vient, parce que sinon, où serait le mérite n'est-ce pas ?
Je souhaite de tout coeur que lorsque je devrais faire face à ce choix, je n'hésiterais pas.

Alors, en attendant...
J'écris.

Et là aussi, une autre ambition s'est réveillée.
Laisser une trace. Une infime, minuscule petite trace.
Mais une trace quand même. Le dessin d'un rêve.

Un livre.
Et puis un autre ?
Est-ce-que je pourrais, à la force de ma plume, construire cet escalier, marche par marche ?
Ou est-ce que je me perdrais dans l'abîme en essayant ?

Pourquoi se poser des questions, quand au fond de soi-même on connaît déjà les réponses...


Source

dimanche 28 avril 2013

Entracte.

"ntldr is missing
Press ctrl+alt+del to restart Windows"

Elle fixe l'écran sans comprendre, venant à peine de se réveiller, les yeux encore fermés à demi. 
Depuis ses premiers pas dans l'univers virtuel, elle en avait fait, des bêtises. 
Fervente admirative de la couleur bleue, il y avait pourtant une teinte qu'elle détestait au plus haut point: celui du fameux "blue screen of death".
Mais cette erreur là, elle ne l'avait jamais rencontrée.
Elle fait la manœuvre demandée, pour se retrouver encore une fois devant ce message d'erreur.

Fallait-il vraiment que cela se passe aujourd'hui ? Ni hier, ni la veille, non. Juste le jour de cet examen particulier qui doit débuter à 9h.

Soit. Elle se rabat sur cet ordinateur portable qui lui sauve la mise, une fois encore.
Alors qu'il démarre en ronronnant, elle réalise que contrairement aux autres fois, sa frustration n'est pas comme d'habitude.

Ces derniers temps, elle se surprend à ne pas déborder. Elle gronde encore par moments, bien entendu. La terre tremble, mais elle se calme assez rapidement. Pas d'éruption, pas de lave. Deviendrait-elle un volcan endormi, comme le Piton des Neiges ?

Puis le temps passe. Il passe tellement vite ces derniers temps. Le sable ne reste plus, il glisse, il s'échappe, le plus petit de ses grains se désintègre entre ses doigts, pour ne plus jamais y repasser.

Peu importe que le poing soit serré ou la paume ouverte, rien ne change cette réalité immuable. 

Elle est retournée prendre sa couverture bleue et s'en est fait un cocon. Rassurant, protecteur. 9h, l'épreuve commence.

Les phrases défilent devant ses yeux. Elle a compris ce qui est attendu, mais sera-t-elle capable de répondre à ces attentes ? Elle l'ignore.

Reportage. Prise de notes méticuleuse, pas de temps à perdre en le revisionnant encore une fois.

Informations. Un jeu de piste virtuel qui ne l'effraie pas tant que ça.

Elle s'éparpille. Toujours. Puis elle observe, organise. C'est ce qu'ils aiment, n'est-ce pas ? L'organisation, la logique, le fil conducteur. Question ? Réponse. Structurez, vous devez structurer votre travail. 

Le plan est sorti de la page blanche. La colonne vertébrale. Les intercalaires du classeur au milieu desquels on rangera informations, arguments. Le corps du texte.

Mais le temps file, court, nargue ceux qui pensaient qu'ils pourraient le maîtriser en tourbillonnant comme jamais. Le soleil poursuit sa course alors que dans la chambre bleue, le bruit du pianotement des doigts sur les touches continue, encore et encore.

Devoir rendu à 15h57. Deadline: 16h00.
7 heures. 7 pages. Trebuchet MS, taille 12.

Satisfaite ? Non. Elle connaît déjà les failles.
Encore une fois, le barrage n'a pas cédé. Le sujet était intéressant, mais cela n'a pas suffit.

Elle n'a rien donné. Quelques gouttes d'eau à peine. Jamais pu forcer son cerveau à passer à la vitesse supérieure. A ne pas faire semblant.

" Elle a les capacités mais ne s'investit pas assez. "

Insuffisant. Ça ne suffit pas. 

Mais au final, en serait-elle vraiment capable ? 
Elle sait juste qu'elle n'en a pas envie. Que ce qu'on lui demande ne mérite pas cette attention recherchée.

Prouver sa valeur ? A qui ? Pourquoi ? Au nom de quoi ?

Peut-être qu'elle est arrogante, au fond. Ça se pourrait...

Mais peut-être que la réponse n'est pas si compliquée que ça. Peut-être que ça n'est pas un problème à résoudre, mais une énigme creuse.

Peut-être que derrière le barrage, il n'y a rien. Ça se pourrait.

Je n'ai rien à apporter à ce monde, que des histoires. Haha. Juste une voyageuse qui arpente les sentiers d'un monde qui n'existe que dans sa tête et qui raconte ce qui s'y passe.

Et même, les mots s'en vont. Peut-être que je ne suis pas à la hauteur. Peut-être que je ne l'ai jamais été. Peut-être que je ne mérite pas de les tenir dans ma main. Peut-être qu'ils veulent s'en aller, comme les grains de sable du sablier.

Je ne sais pas où je vais.
Je continue à marcher mais ça ne suffit pas. Dans ce monde, ça ne suffit pas. Dans cette société, je suis supposée prouver que je vaux quelque chose.

Fais ta lettre de motivation. Montre que t'as envie, allez. Allez vends-toi, vends-toi, tu sais que tu ne peux pas faire autrement. T'as des trucs à payer, tu dois payer si tu veux continuer à vivre tu sais. Parce que quand Papa et Maman ne seront plus là, il n'y aura plus personne pour toi, tu le sais ça hein ? Alors avance, bourrique. Allez, allez, tout doux. Si t'es sage et que tu fais bien ton travail, tu mettras assez de côté pour pouvoir acheter des trucs dont tu n'as pas besoin, okay ? Allez avance, brave bête.

De quoi, le vieux monsieur assis là-bas ? Noon, ne fais pas attention, regarde de l'autre côté, regarde, y'a un nouveau magasin qui a ouvert. Ce qu'il est ? Eh bien, ce que tu vas devenir si tu n'avances pas. Un déchet. Pourquoi tu fais ces yeux là, t'es pas d'accord ? Il a la même odeur ! Et tout le monde l'évite. Alors fais pareil. Fonds toi dans la foule et tout ira bien pour toi. Si tu contrastes ça va pas le faire, alors ferme la et sois jolie.

Mais oui, tu es jolie. Et tu sais quoi ? Tu pourrais l'être encore plus ! Si, si, je te jure ! Tu vois la dame dans la vitrine là ? Superbe hein ? Quel beau visage symétrique, si proche de la perfection. Pourquoi tu serais pas comment ça, hein ? Tu fais un peu tâche là quand même, puis les gens ils préfèrent parler à ceux qui ont de la classe tu sais. Et la chirurgie fait des miracles de nos jours. Tu trouves pas que t'es un peu grosse derrière tes oreilles, non ? Hein ? Comment ça tous ses cils ont exactement la même position de chaque côté ? Mais non voyons, ferme la, arrête de dire des conneries, tu sais rien, t'y connais rien dans ce domaine.

Oh, dépose ce journal ! Pourquoi tu pleures ? Oh pauvre petite, mais t'en fais pas, ceux pour qui ont a voté ils font se charger de tout ça ! Ils feront disparaître tout ce qui ne va pas. Ne t'en fais pas. 

De toute façon, toi, tu ne peux rien faire.

- Shaïma, à table !

La voix de ma mère me sort de cette transe cauchemardesque.
Mes parents. Les deux êtres qui me sont les plus chers au monde. Les ancres sans qui je serais partie depuis bien, bien longtemps. Où ? Je l'ignore.

Mais je serais devenue quelque chose qui n'aurait pas été beau à voir.
Parce qu'on dit que pour tuer un monstre il faut en devenir un soi-même.

Mais ils sont là, alors je ne peux pas. Je dois les rendre fiers. J'en ai tellement envie.
Ça, j'en suis sûre. Les rendre fiers et heureux. Oui. Je vais essayer.

Hum. Un "fait-divers" douteux, encore une fois. Ça devient monnaie courante, ahaha.
Oh ? Des gens intelligents qui ont compris ce qui se passe. Miracle. C'est pour de vrai ?

Ha. Un ami qui part. Comme de juste. Ils partent tous, ils sont tous partis.
Oh. Il revient ? Mais ça n'était jamais arrivé avant... C'est pour de vrai ?

Bon sang je ne sais plus écrire, les mots foutent le camp ou se pointent en anglais, c'est quoi ce cirque encore ?
Oh... Un commentaire d'un inconnu complet qui fait l'éloge de cette histoire... C'est pour de vrai ?


J'ai eu tort. On n'est jamais seuls, ce serait une erreur de le croire. On peut être une poignée, une pincée d'individus à l'échelle de la planète à ressentir ce que l'on ressent et à voir ce que nous voyons mais non, nous ne sommes pas les seuls.

Mon souhait le plus cher était d'être là "au début du commencement" et je crois que ce voeu a été exaucé.

Le vent se lève. Est-ce que tu le sens, toi aussi ? 
Il est frais, il sent bon la terre avant la pluie.

Je ne me laisserais plus tomber. Je ferais face à ces réalités qui m'insupportent en serrant les dents, mais je ferais de mon mieux pour ne plus flancher. Ne plus sombrer.

Oui, je suis dans la merde. J'accepte ce fait.
Mais ça, c'est selon les critères de la société. Et moi, c'est elle que je trouve merdique.

Et les plus grands changements n'ont pas été fait par des bourges qui se sont déplacés en palanquin et ont marché sur des tapis de velours.
On va s'en prendre plein la gueule. Et on va chialer. Et ça va être dur, ça va faire mal, mais ça en vaudra la peine. 

Parce qu'à chaque espoir perdu, il y en a cent qui reviennent à la vie.

Et mon histoire, et mes mots. Eh bien foutez le camps, vauriens. Je vous rattraperais. J'accepte le défi, parce que je vous aime depuis que j'ai appris à vous comprendre, et je ne vous abandonnerais jamais. Vous êtes l'arme qui m'a été offerte et j'entends bien être digne de vous.

Dans cette guerre, pas de sang, mais de l'encre.

Parce que les hommes sont mortels et qu'un fusil est incapable de diffuser une idée comme la plume peut le faire.


Et me revoilà, à partir de mon petit quotidien vers d'épiques aspirations. Demain, je retournerais à mes dossiers, à suer eau et sang pour les terminer avant ces damnées deadlines. Car avant d'être à portée de ces rêves de grandeur, le chemin sera long à parcourir.

Mais tant que je pourrais, par cette plume que j'aime mais qui me hait parfois, mettre à plat peurs et pensées avant de retrouver toute seule cette lumière tout au bout du chemin, je m'en sortirais. Je l'espère de tout coeur.








mardi 18 décembre 2012

Un Film tellement attendu.


Ce qu'il faut savoir avant tout, c'est que, n'appréciant que modérément la compagnie de mes semblables - en particulier lors de la dégustation visuelle de bons films - je ne suis jamais allée au cinéma volontairement. 

Je précise étant donné que j'ai bien entendu participé aux fameuses sorties cinéma scolaires où on nous emmenait voir des trucs qui étaient soit relativement potables, soit totalement wtf et incompréhensibles. Mais là n'est pas le sujet. 

"The Hobbit" est donc le premier film que j'ai visionné de plein gré. Ayant réussi il y a quelques années à convaincre mon père de tenter la fameuse trilogie de l'Anneau ( je considère ce fait comme un achèvement personnel ), j'ai pu profiter de sa présence à mes côtés lors de la séance.

Nous sommes donc arrivés au cinéma de la ville, affublé du très original nom "Le Rex". Un coup d'oeil à droite : Twilight. A gauche : Le Hobbit. J'ai essuyé une larme invisible.
La salle n'était pas encore très remplie, et quelques minutes après que nous nous soyons installés, une bande-annonce : le Réveil des Gardiens. 
Tout allait bien jusqu'à ce que des publicités se succèdent. On s'en serait bien passés, quand même. 

Un tantinet blasée par les trésors de connerie déployés par les publicitaires, j'ai fermé les yeux quelques secondes.

Puis ça a commencé. L'écran s'est étiré, et les dernières lumières se sont éteintes.

New Line Cinema. La police propre au SDA. 
La clé tourne dans la serrure.

Les premières notes de musique de la Comté.
La porte s'ouvre.

De retour à la maison. Quel magnifique, magnifique sentiment. Indescriptible.
La voix de Bilbo résonne comme le ferait celle de Tolkien lui-même. 
L'histoire commence, ou plutôt, elle reprend. Non pas à la suite, mais au début.

L'écriture du vieil hobbit dans ce vieux livre rouge auquel il tient tellement. Trois points.
Et puis Frodon qui apparaît, puis disparaît. Parti attendre Gandalf et ses feux d'artifice. Sans se douter encore qu'il faisait là les premiers pas sur le chemin de sa propre aventure.

Mais cette fois, c'est au tour de Bilbo de conter la sienne.

Dans tous les cas, j'ai vraiment apprécié la reprise du début du premier volume du SDA et ce moment particulier où Bilbo se fait du souci pour son argenterie à cause de la cleptomanie de certains de ses invités.

Et puis subitement il y a ce flash-back. Et Erebor. 
Erebor.
Que dire ?

Les joueurs de Wow se rappelleront de Forgefer ou Ironforge. 
Une ville magnifique mais qui subitement faisait bien pâle figure à côté de la cité des nains.
Je n'ai même pas de mots pour exprimer mon émerveillement à ce moment là.

Puis l'attaque de Smaug. Pour le coup, j'ai finalement compris l'intérêt du cinéma : le son. Du pur bonheur.

Et un Dragon avec un "D" majuscule mes chers amis. Nous n'avons pas à faire ici à un piètre lézard tapant pacifiquement la discu et enfumant un chouia ses opposant à l'occasion.
On avait un Dragon. Un Dragon qui n'en a absolument rien à cirer de ce qu'il y a sur sa route et écrase tout ce qui est sur son passage. Un Dragon digne de ce nom.

Et puis Gandalf, et puis les nains qui foutent un souk magistral et font un remake de "C'est du propre!" ensuite, et puis Bilbo qui se laisse emporter, s'énerve, s'étonne, hésite, refuse, et va se coucher avant de finalement partir en courant, prêt à se lancer dans cette aventure. Et la musique de la Comté, de douce mélodie qui rappelle les rondes portes des "trous" des Hobbits, rythme sa cavalcade à travers jardins, champs et forêts.



A propos de musique, la version française de "Misty Mountains Cold" m'a donné un peu envie de pleurer pour d'autres raisons. Je vous très recommande fortement la version anglaise !

Pour le reste, je ne vais pas reprendre tous les moments, on n'en verrait pas le bout. Je vous balance tout dans le désordre.

Thorin. L'écu de chêne. L'orc pâle. Gandalf et l'aube. Radagast. Le Nécromancien. Dol Guldur. Nazgul. Le hérisson. Fondcombe. Les elfes. Ce foutu Saroumane. Les montagnes. Gollum. Son dédoublement de personnalité. Les énigmes. Le précieux. Les épées. La lueur bleue. Les bastons. Les aigles. 

J'en oublie tellement.

Il y a dans le Hobbit une certaine légéreté et un humour qui lui donnent cette couleur de conte que n'avait pas forcément l'épopée de l'Anneau.

Que dire ?

Bon retour dans la Terre du Milieu, et vivement décembre 2013.

On a retrouvé certains vieux amis, dont la présence a d'autant plus rappelé l'absence des autres, et nous nous en sommes fait de nouveaux également.

Quel beau voyage, vraiment. Quelle belle histoire. 




lundi 20 août 2012

Dried ink - Broken writer.



Je fixe cette ombre qui tremble sur le mur de la pièce qui me sert de chambre depuis un bon moment. Mon ombre. Projetée par la lueur de cette bougie qui a déjà vécu la moitié de sa vie, elle me semble plus dynamique que ma personne. 

Sa lumière est chaleureuse et se pose doucement sur le cahier qui me fait face.
Je pourrais allumer le lampadaire dans un coin, mais sa lumière me gêne, elle m'aveugle. Blanche, irréelle... artificielle ? Artificielle.

Il m'aura fallu une bonne vingtaine de secondes pour attraper ce mot qui voulait échapper à mon esprit. Ridicule. Tellement ridicule. Un mot si simple, basique. 

Mais lui aussi il m'abandonne. Ils m'abandonnent tous. Ils ne m'ont pas pardonné.

Pourtant, l'inspiration me tire de ma torpeur avec encore plus de vigueur qu'auparavant. Elle hante mes rêves, et lorsqu'elle ne peut les percer, brise tout simplement mon sommeil avant de se déverser en moi.

Les images défilent. 
Mais les mots ne veulent pas. 

Ils m'en veulent de les avoir traîtés comme tous les autres. Froidement, avec distance. Sans y mettre mon coeur.

Les dissertations se sont enchaînées, tout comme les exposés et autres études où l'inspiration n'est qu'une marginale à faire brûler sur un bûcher.




Oh, une idée. Une piste de mots.

Vite, le papier, vite, vite, avant que je ne la perde.


La plume se lève avant de plonger vers la feuille... La feuille... ?

Comment est-ce qu'on dit déjà ? C'est une expression que j'ai toujours aimé, qui décrit la couleur blanche avec poésie. Mais elle me fuit, elle aussi. Artificielle m'avait laissé entrevoir la forme de son nom, la première lettre. Mais elle, elle ne me laisse rien, et mon esprit ne fait que buter sur Ecarlate, ironiquement.

J'ai perdu la piste.

Je peux écrire, bien sûr. Mais si les mots étaient encre, alors ma plume serait bien pitoyable. Qu'importe qu'on la secoue, les traits pleins d'antant ne semblent être que de vieux souvenirs à présent. Maintenant, elle trace des lettres incomplètes. Lisibles, mais incomplètes.

L'extrémité de la plume frôle le papier. Trace avec hésitation boucles, traits, et points. S'arrête.

Relecture. Rupture.

Une bourrasque se faufile par la fenêtre entrouverte. 
La flamme de la bougie lutte quelques instants, penchée tel un arbre dans la tourmente.

Puis elle s'éteint.

Par pitié, pardonnez moi.

vendredi 15 juin 2012

A shadow and a thought.


Elle entendit le bruit de ses pas étouffés dans le sable ainsi que son souffle bruyant, du à l'altitude à laquelle ils se trouvaient mais surtout à la durée de sa course et le faible nombre de pauses qu'il s'accordait. Il se rapprochait. Il s'arrêta quelques instants, à quelques mètres d'elle bien qu'il l'ignorait.

Le dos appuyé à un mur encore entier, à l'intérieur de la cour d'une maison qui longeait la ruelle dans laquelle elle l'avait semé, elle gardait ses bras croisés, le visage sombre.

Quelques secondes plus tard, il reprit sa progression, malgré tout. Les sons de sa course se perdirent dans le vent frais qui s'était levé.

Avec un soupir, elle se laissa glisser le long du mur et finit assise dans le sable.
Il lui était insupportable de le faire du mal, même involontairement. 
Elle aurait voulu le rattraper, lui aggriper l'épaule et le convaincre d'arrêter de poursuivre ce mirage, cette chimère, cette ombre qu'elle était, qu'elle avait toujours été. 
Mais elle savait qu'elle n'avait pas les moyens nécessaires à l'heure actuelle pour lui en faire prendre conscience.

Alors elle courait aussi. Dans ces ruines qu'elle connaissait sur le bout des doigts.
Et doucement, de par ses apparitions ici et là, elle lui faisait empreinter les chemins qui menaient vers la sortie de la cité.

Elle attendit quelques instants encore. Ferma les yeux. Les ouvrit. Leva la tête vers le ciel et observa les étoiles naissantes dans les lueurs bleutées du crépuscule. Leur adressa un sourire triste.

Il était temps.

Elle se releva et épousseta sa longue tunique bleue aux larges manches, son ample pantalon de même couleur et sa vieille cape. Ses pieds nus avaient quelques éraflures dues aux nombreuses accrobaties qu'elle effectuait pour atteindre les toits et rattraper, dépasser, suivre son poursuivant poursuivi, tout en se dissimulant à ses yeux.

La jeune fille parvint ainsi une nouvelle fois à le retrouver dans le labyrinthe de ces rues qui paraissaient identiques. Elle suivit sa progression du regard, puis jetta un oeil aux alentours.

Elle repéra une cheminée aux murs épais à quelques toits de sa position, qui pourrait le pousser à se diriger approximativement vers la longue avenue qui menait aux imposants piliers de pierre placés de part et d'autre des immenses portes de la cité.

Quelques bonds, une glissade qui faillit lui faire perdre l'équilibre et une roulade plus tard, elle s'était hissée sur la cheminée, bien en évidence. Il fallait maintenant qu'il l'aperçoive.

Durant ce laps de temps, elle retomba dans ses pensées, les yeux fixés dans le vide.
Pourquoi la poursuivait-elle ? Elle avait fini par comprendre, un minimum du moins, mais ne parvenait toujours pas à l'accepter comme une réalité. Ce qu'elle comprenait, en revanche, c'était que lorsqu'il passerait les portes de la cité, elle ne le verrait sans doute plus jamais.

A cette pensée, ses yeux verts s'assombrirent. Il était le seul à s'être aventuré à proximité de cette citadelle à l'autre bout de la cité, le seul à oser venir secouer les immenses chaînes qui maintenaient son portail scellé.

Mais surtout, ils avaient repris le tissage d'un lien qui s'était fait depuis bien des années, un lien qui lui tenait à coeur.

Un lien qui se briserait très certainement une fois qu'il se serait débarassé de ce qui le poussait à la poursuivre.

Etait-ce le seul moyen ? Etait-ce inévitable ? 
Elle l'ignorait complètement.

C'est alors que son regard capta un mouvement, une tâche noire qui évoluait rapidement, au point que ses yeux croisèrent les siens le temps qu'elle reprenne contenance.


Un instant infime.
Un nuage de sable.

Le claquement d'une cape bleue.
Le début d'une averse.





« Tous les mirages ont une fin. Suis moi, la sortie n'est pas si loin. »



jeudi 24 mai 2012

Haruka.

J'avais besoin d'une excuse pour partager avec vous ces magnifiques photographies du Japon.
Mais en fait, pourquoi toujours avoir une raison particulière ?

Appréciez simplement.





[ Album Complet ]
© 眼中的日本 1st



















あの さくら みせて やりたい
« Ano sakura misete yaritai. »